En décembre 2022 s’est conclue à Montréal la COP15. Cette convention, à laquelle plus de 190 états étaient présents, avait pour but de convenir du cadre mondial pour arrêter et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030. Après de longues négociations, des objectifs ambitieux ont été fixés.
À quoi faut-il s’attendre pour les années à venir ? Comment le cadre international va-t-il influencer votre activité et quelles actions mettre en œuvre pour la biodiversité ?
Cet article vous propose une synthèse de trois grands objectifs de l’accord Kunming-Montréal signé lors de la COP15, ainsi qu’une brève présentation de leurs limites, voici tout ce qu’il faut savoir.
1 – COP15 : OBJECTIFS ET LIMITES
- Objectif 30×30
La cible emblématique de la COP15 est d’atteindre 30% d’aires protégées (marines, côtières, terrestres et d’eaux douces) au niveau mondial à horizon 2030. S’ajoutent également les objectifs de réduction de perte des zones de forte importance pour la biodiversité à « proche de zéro » et la restauration d’au moins 30% des aires dégradées.
Deux critiques peuvent être apportées à cet objectif :
- Malgré l’ambition du chiffre 30%, de nombreux scientifiques estiment qu’une protection de 50% de la surface de la Terre devrait être assurée pour enrayer l’érosion de la biodiversité.
- Aucune définition du niveau de protection n’a été donnée. Pourtant, nous savons qu’en France dans 93% des aires marines protégées la pêche industrielle et les activités extractives sont autorisées, ce qui ne garantit pas une qualité de conservation des écosystèmes dans les aires protégées. Ainsi, sans précisions complémentaires sur niveau de protection attendu, la cible 30×30 est largement critiquable.
- Économie et finance
Les accords prévoient une réduction des subventions à destination de projets néfastes pour la biodiversité à hauteur de 500 milliards de dollars/an d’ici à 2030.
Un budget de 200 milliards de dollars/an en faveur de la biodiversité est annoncé d’ici 2030, dont 30 Md$/an à destination des pays du Sud.
Les sommes annoncées sont estimées insuffisantes pour la mise en œuvre du cadre annoncé. En effet, les besoins de financement pour la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 sont estimés par l’ONU à une somme allant de 722 à 967 milliards de dollars par an. De plus, aucun fond spécifique dédié à la biodiversité n’a été créé. Ainsi, la provenance de l’argent n’a pas été précisée.
- Agriculture et intrants chimiques
Le cadre fixe un objectif de réduction d’au moins 50% des risques liés aux pesticides d’ici 2030, invitant à une gestion durable dans l’agriculture, l’aquaculture, la pêche et la foresterie.
Le texte cite certaines solutions pour la gestion durable de ces secteurs (comme l’agroécologie), mais en aucun cas des critères précis sont mentionnés, ce qui laisse une possibilité d’interprétation large du type de gestion durable et de sa mise en place.
2 – QUID DES ENTREPRISES ?
Seule la cible 15 des accords de la COP15 concerne les entreprises directement, et ce de manière peu contraignante :
« Encourager les entreprises à évaluer et divulguer régulièrement leurs risques, dépendances et impacts sur la biodiversité, tout au long de leurs opérations, chaînes d’approvisionnement et de valeur et portefeuilles ; fournir les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables »
Pourtant, 330 sociétés (dont EDF, L’Oréal, SUEZ ou encore Danone) se sont réunies dans la coalition Business for Nature et ont porté la campagne « make it mandatory« pour demander aux négociateurs de rendre le reporting sur la biodiversité obligatoire.
Cette mobilisation montre un engagement de la part des entreprises en une prise de conscience de leur responsabilité dans la conservation de la biodiversité.
Malgré le manque d’une règlementation contraignante dans le texte, l’adaptation des objectifs internationaux dans les stratégies nationales pourra impacter le système productif :
- L’objectif 30×30 appliqué en France en complément de l’objectif Zéro Artificialisation Nette pourrait contraindre les entreprises à des mesures de compensation et à des financements de réhabilitation d’aires dégradées.
- La réduction de subventions nocives pour la biodiversité pourrait obliger les entreprises à justifier de l’impact sur la biodiversité de leurs projets.
- Ou encore, les entreprises directement en lien avec le secteur agricole ou forestier pourraient être touchées par les changements vers des pratiques plus durables (coût, choix du fournisseur…)
3 – INTÉGRER LA BIODIVERSITÉ DANS MON ENTREPRISE, COMMENT PASSER À L’ACTION ?
Depuis plus d’un an, l’Agence Think+ travaille sur de nouvelles méthodologies visant à intégrer les enjeux liés à la Biodiversité au sein des stratégies d’entreprises et de leurs projets en les accompagnant dans la compréhension de ceux-ci et en les aidant à mettre en place des actions concrètes.
La volonté de la part des entreprises est forte, mais définir une stratégie cohérente et ambitieuse pour répondre aux enjeux de biodiversité, complexes et nombreux, est un véritable challenge.
L’Agence Think+ a ainsi mis en place un parcours d’accompagnements visant à faire évoluer l’entreprise dans cette intégration. Cette nouvelle offre multi-étapes permet à l’entreprise qui le souhaite de :
- Sensibiliser ses équipes aux enjeux de la biodiversité grâce à la Fresque de la Biodiversité et à de nouveaux modules de formation spécifique,
- Comprendre et évaluer la maturité de l’entreprise face aux enjeux de la biodiversité, son impact et sa dépendance,
- Passer à l’action en définissant des mesures concrètes à mettre en place.
Parallèlement, l’Agence Think+ a été sélectionnée par SOLTENA et l’Agence Régionale de la Biodiversité avec deux autres bureaux d’études (OXAO et Vertigo Lab) pour accompagner des entreprises de Nouvelle Aquitaine dans le programme « Entreprise et Biodiversité : un duo florissant ». Cette action pilote permettra à 9 entreprises de développer une stratégie en faveur de la biodiversité cohérente et ambitieuse, d’agir concrètement avec des actions porteuses de sens et adaptées et de communiquer les engagements de façon responsable.