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Mon entreprise doit-elle définir des objectifs de neutralité carbone ?

22 décembre 2022
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démarche de neutralité carbone

Aujourd’hui de nombreux pays et entreprises s’engagent pour une neutralité carbone d’ici 2050 comme la France ou encore le pétrolier Shell. C’est-à-dire que leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) seront compensées. Ces promesses de neutralité sont pourtant dénoncées et peuvent paraître abusives.

Dû à ce contexte, de nombreuses entreprises se demandent s’il est important de se lancer dans une démarche de neutralité carbone.

L’HUMANITÉ A JUSQU’EN 2050 POUR ATTEINDRE LA NEUTRALITÉ CARBONE

La France, le Canada, l’Espagne, et d’autres se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Les nations ne sont pas les seules. Le secteur privé s’engage aussi, comme Amazon, Google, IKEA, CARREFOUR, APPLE.

Ces pays et ces entreprises s’engagent car l’enjeu environnemental est fort

D’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), nous devons réduire d’ici 2030 nos émissions de gaz à effet de serre de 50% (par rapport à 2019) et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 à l’échelle planétaire. Ceci permettra de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. (Pour rappel, le réchauffement climatique engendre un dérèglement climatique qui détériore la vivabilité de notre planète)

L’ensemble des secteurs d’activités des pays engagés sont concernés. C’est donc aussi le cas du secteur privé.

Pour répondre à la fois à l’enjeu environnemental et à l’engagement des pays (France, Canada, etc.), chaque entreprise de ces pays devrait atteindre cette neutralité d’ici 2050.

Engagement neutralité carbone pays
NetZeroWashing
LA NEUTRALITÉ CARBONE DES ENTREPRISES EST POURTANT DÉNONCÉE

Certaines entreprises affichent actuellement une neutralité en carbone qui peut paraitre étonnante. Par exemple, les vols Air France sont aujourd’hui neutres en carbone, ou encore le pétrolier Shell annonce une neutralité carbone d’ici 2050.

Ces allégations font couler beaucoup d’encre. Après le greenwashing, voici que le terme de Netzerowashing apparait pour dénoncer une neutralité trompeuse. Les engagements de neutralité carbone formulés par 25 des plus grosses entreprises mondiales ont été analysés par Carbon Market Watch et New Climate Institute. Ils dénoncent l’écart entre les allégations faites et la portée des engagements pris.

Les ONG dénoncent principalement trois sujets :

 

  • La méthodologie permettant de comptabiliser les quantités de GES émises par l’entreprise : La quantité d’émission de GES qui doit être compensée doit être mesurée par l’entreprise. Cependant, aujourd’hui aucune contrainte méthodologique n’est imposée. Cela peut rendre la notion de neutralité trompeuse. A titre d’exemple, les engagement pris par TotalEnergie se limitent à ses seules émissions directes de production et excluent les émissions de l’usage de leurs produits vendus comme la combustion de l’essence par les voitures. Le consommateur pourrait croire acheter de l’essence neutre en carbone bien que l’utilisation de cette dernière ne soit pas compensée.

 

  • Compenser avant de réduire son impact : Le potentiel de développement des puits de carbone est limité. Par exemple le potentiel de séquestration de carbone des forêts permettrait de stocker environ 4 ans d’émissions actuelles (Hansen et al (2013)). Le GIEC le rappelle, il faut réduire de 80% nos émissions de GES pour espérer pourvoir compenser les émissions résiduelles.

 

  • La viabilité des compensations carbones achetées pour contrebalancer les émissions : Un crédit carbone est une unité certifiée correspondant à 1 tonne de CO2 évitée ou séquestrée. Des organismes les vendent sur le marché volontaire des crédits carbone à des entreprises souhaitant devenir neutre en carbone. Cependant tous les crédits ne se valent pas. Le prix d’un crédit varie de 3 euros à plus de 80 euros. Certains organismes s’auto-certifient sans suivre une méthodologie rigoureuse, bien que certaines permettent de renforcer la viabilité de ces crédits comme celle du Label bas-carbone.
Bilan GES Carbone

Pour contrer ces dérives, la règlementation commence à se durcir.

Cette première réglementation française impose aux entreprises exprimant leur neutralité de communiquer leur bilan carbone, justifier leur démarche de réduction de GES et rendre accessible certaines modalités de compensation carbone.

 

CONCLUSION, IL FAUT S’ENGAGER SANS SE REVENDIQUER NEUTRE EN CARBONE

 

En résumé :

  • L’objectif d’une neutralité à l’échelle de l’entreprise ne fait donc plus aucun doute,
  • Le manque de règlementations et de méthodologies a généré des dérives qui ont été dénoncées.

 

Il est donc primordial pour les entreprises d’aborder cet objectif avec précaution. Soutenue par l’ADEME, et le Ministère de la Transition Écologique, la « Net Zéro Initiative » donne un référentiel commun pour traiter ce sujet. Il repose sur 3 piliers :

  • Réduire ses émissions de GES : Mesurer son impact carbone, se fixer des objectifs de réduction et suivre leurs évolutions
  • Réduire les émissions de GES des autres
  • Augmenter les puits de carbone

 

Nous résumerons dans de prochains articles comment mettre en application cette démarche au sein d’une entreprise.