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Les bioplastiques, un mot valise source de confusion

24 janvier 2021
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Afin de clarifier certains points indispensables, nous nous appuyons sur le rapport d’information rédigé par emballage magazine en collaboration avec Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’Inra, Stéphane Bruzaud, enseignant-chercheur à l’Université Bretagne Sud et Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS. Nous invitons, tous ceux désireux d’en savoir plus, à consulter ce rapport.

Les enjeux environnementaux des plastiques :

Cette matière est aujourd’hui indispensable dans notre économie moderne. Dues à sa légèreté, ses propriétés mécaniques et physiques, elle a permis de réduire l’impact environnementale de certains produits. Sa production est passée de 15 millions de tonnes/an en 1964 à 348 millions de tonnes/an en 2017.
Cependant elle crée de fortes externalités négatives, les deux principales sont les suivantes :

  • L’utilisation de matières fossiles : 90% des matières premières nécessaires à sa production proviennent du gaz ou du pétrole.
  • Les fuites de plastiques dans l’environnement :  Chaque année 8 millions de tonnes sont rejetées dans les océans (principalement des emballages à usage unique). Sans parler des effets sur les écosystèmes, les effets sur la santé humaine sont encore méconnus.

Avant de parler de bioplastique, nous devons nous intéresser à deux notions clés : le biosourcé et le biodégradable.

Les plastiques biosourcés, une solution contre l’utilisation de matières fossiles.

Avant tout, commençons par définir ce terme. Un plastique biosourcé est une matière fabriquée en partie ou totalement à partir de ressources organiques renouvelables. De l’utilisation de biomasse à la matière organique, les sources peuvent être très variées.
Actuellement la majeure partie de ces plastiques utilisent des matières premières végétales cultivées sur des terres agricoles. Tout comme les biocarburants, le risque est de concurrencer l’utilisation de terrains agricoles destinés à la nourriture humaine. Cependant, ces inquiétudes ne doivent pas être exagérées. En effet, une étude mené en 2010 par OWS (laboratoire spécialisé dans l’évaluation de la biodégradabilité) conclu que si 10% du marché européen était biosourcé cela mobiliserait seulement 0,54% de la surface agricoles utiles en Europe. De plus, les chercheurs axent principalement leurs recherchent sur l’utilisation de ressources non alimentaires et de déchet organiques comme les sous-produits alimentaires.
Les plastiques biosourcés peuvent avoir une structure identique à celle d’un plastique issu de la pétrochimie. Ils ont donc, normalement, les mêmes performances techniques et utilisent les mêmes filières de recyclage.
Pour conclure, l’enjeu des plastiques biosourcés est de réduire la consommation de matières fossiles non renouvelable et n’indique rien sur la fin de vie du plastique.

Les plastiques biodégradables.  

D’après l’ADEME, un matériau est dit « biodégradable » s’il peut être décomposé sous l’action des micro-organismes (bactéries, champignons, algues, vers de terre, etc.). Le résultat est la formation d’eau (H2O), de dioxyde de carbone (CO2) et/ou de méthane (CH4), et de sous-produits (résidus, nouvelle biomasse) non toxiques pour l’environnement.

Cependant, les conditions de l’environnement (température humidité, pH, etc) de la matière vont fortement influencer sur le temps nécessaire à sa biodégradation.

  • La biodégradation en sol doit être effectué en mois de 24 mois dans des températures comprises entre 20 et 25°C
  • Le compostage industriel doit être effectué en mois de 6 mois dans des températures comprises entre 50 et 70°C
  • Le compostage domestique doit être effectué en mois de 12 mois dans des températures comprises entre 20 et 30°C

Donc un plastique dit biodégradable n’est pas forcément compostable industriellement et encore moins dans un composte domestique.

Attention aux plastique plastiques dits « Oxo-dégradables » ou « Fragmentables » qui ne sont pas biodégradables mais qui se fragmentent en petits morceaux dégradables jusqu’à devenir invisibles à l’œil nu. Ils peuvent contenir des métaux lourds potentiellement nocifs pour l’environnement.

Les Bioplastiques :

Maintenant qu’aucune confusion n’est possible entre biosourcé et biodégradable, il est facile de définir les bioplastiques. Ce même terme regroupe en réalité 3 catégories de plastiques distincts :

  • Les plastiques biosourcés et non biodégradables* (exemple : Bio-PET).
  • Les plastiques non biosourcés et biodégradables* (exemple : PLC polycaprolactone)
  • Les plastiques biosourcés et biodégradables* (exemple : PHA PLA)

*biodégradable (au minimum en conditions de compost industriel)

 

Pour conclure, les plastiques biosourcés sont une des nombreuses pistes pour réduire l’impact environnemental des produits, mais bien évidemment pas la seule. De nombreuses autres stratégies d’éco-conception peuvent être engagées. Les plastiques « biodégradables » pourraient quant à eux limiter les pollutions en cas de rejets dans l’environnement (comparativement aux plastiques de grandes diffusions) mais ne sont pas sans impact sur l’ensemble du cycle de vie, et en termes de communication peuvent prêter à confusion. D’ailleurs, la loi AGEC du 10 février 2020 précise que la mention « biodégradable » sera interdite sur les produits et les emballages en 2022.