Il est indéniable que les entreprises ont un rôle important à jouer dans la transition vers une neutralité carbone mondiale, comme nous l’avons abordé dans notre article précédent intitulé « Mon entreprise doit-elle définir des objectifs de neutralité carbone ? ». Cependant, certaines entreprises qui se présentent comme neutres en carbone ont été accusées de « Netzerowashing », c’est-à-dire d’une neutralité carbone trompeuse. Nous verrons dans cet article comment l’entreprise peut répondre à cet enjeu climatique en toute transparence.
RAPPEL DU CONTEXTE
Il est crucial pour l’humanité d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est essentiel de réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Des pays tels que la France et le Canada se sont engagés à atteindre cet objectif pour 2050. Cela concerne tous les secteurs d’activités des pays engagés, y compris le secteur privé.
La neutralité carbone des entreprises est remise en question pour les raisons suivantes :
- Il n’existe pas de méthodologie standard pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre des entreprises.
- Certaines entreprises privilégient la compensation plutôt que la réduction de leurs propres émissions.
- Les compensations carbones achetées par les entreprises pour compenser leurs émissions ne sont pas toujours fiables.
PEUT-ON ENCORE PARLER D’ENTREPRISE NEUTRE EN CARBONE ?
Le concept d’une « entreprise neutre » obtenue par la compensation ne suffit pas pour prendre des mesures concrètes face à l’urgence climatique.
Actuellement, les demandes de neutralité carbone dans le monde des entreprises reposent principalement sur un processus en trois étapes : « Mesurer, Réduire, Compenser ». Selon ce raisonnement, il est possible d’atteindre la neutralité carbone chaque année en achetant des « crédits carbone » pour annuler les émissions immédiatement.
Cependant, cette approche présente des limites :
- Lorsqu’une entreprise déclare être neutre en carbone, cela rend invisible l’évolution de ses émissions réelles de gaz à effet de serre au fil du temps. Cette transparence insuffisante n’encourage pas l’entreprise à mettre en place des actions efficaces pour réduire les émissions à la source.
- Le stock de « compensations carbone » ne suffira pas à compenser toutes nos émissions de gaz à effet de serre. Chaque puits de carbone a une capacité limitée. Par exemple, une reforestation mondiale pourrait compenser environ huit ans de nos émissions actuelles selon le quatrième volet du GIEC. Après cela, il ne sera plus possible de compenser en utilisant ce puits.
Il est recommandé de changer de paradigme : une entreprise n’est pas neutre, elle ne se contente plus de compenser, elle contribue à une neutralité mondiale.
LA DEMARCHE A ADOPTER : LE NET ZERO INITIATIVE
Il est primordial pour les entreprises d’aborder la problématique climatique avec précaution. Soutenue par l’ADEME, et le Ministère de la Transition Écologique, la « Net Zéro Initiative » donne un référentiel commun pour traiter ce sujet.
Cette dernière offre aux organisations une manière de décrire et d’organiser leur action climat en vue de maximiser leur contribution à la neutralité́ carbone mondiale.
Le référentiel est basé sur l’idée qu’une organisation doit, à son échelle, agir de trois manières complémentaires en vue de contribuer à la neutralité mondiale :
- Je réduis mes émissions de gaz à effet de serre et celle en amont et en aval de mon entreprise.
- Je réduis les émissions des autres
- en finançant des projets bas carbone en dehors de ma chaine de valeur
- et/ou en commercialisant des solutions bas carbone
- J’augmente les puits de carbone
- en développant les absorptions de carbone chez soi et dans sa chaîne de valeur
- et/ou en finançant des projets de puits de carbone hors de sa chaîne de valeur
L’entreprises est encouragée à évaluer sa performance en se basant sur ces trois piliers, à fixer des objectifs ambitieux pour chacun d’entre eux et à les suivre de manière dynamique au fil du temps.
Ce référentiel donne à l’entreprise, les bonnes pratiques lui permettant de contribuer à la neutralité carbone mondiale sans risquer d’être accusé de NetZerowashing.